Matthieu Hardy et Amaury Daubresse : Lutte-Solidarité-Travail (LST)

C’est sous un ciel gris d’ou tombait une neige froide et rude que nous arpentions les rues de Namur à la recherche du local du LST « Lutte Solidarité Travail ». Une fois arrivé, non sans peine, à destination nous nous vîmes transformés en petites Alice tombées dans une aventure dont nous allions sortir changés, tant dans nos esprits que dans nos agissements.

Le LST a pour but d’aider les personnes défavorisée. Aussi étrange que cela puisse paraître, alors que nos camardes poussaient des brancards ou lavaient le Cinex, nous regardions la télévision… Un reportage pour être plus précis ( et pour les perfectionnistes : un reportage de Jean-Claude de Fossé tourné en 1984). N’allez pas croire que nous faillions à la tâche : il nous fallait nous plonger dans le bain. Cette cassette d’une heure et demi fait ouvrir les yeux sur une vérité : certains vivent dans des conditions plus que précaires. Comment pouvons-nus tolérer cela ? Mais visionner les conséquences désastreuses d’une société qui se veut de moins en moins logique et de plus en plus magouilleuse ne pousse personne à faire bouger les choses. Ainsi que nous l’avons vu à Breendonk, c’est d’aller sur le terrain qui provoque le choc véritable, c’est vivre l’horreur qui provoque une pensée plus douce et réaliste envers un avenir plus prospère à l’égard de nos enfants. Faites un tour au quartier des Balances, vivez avec effroi l’expérience qu’est celle d’entendre des fillettes de 8 ans s’insulter de « sales poufiasses de grosse pute qui baise avec Jonathan dans les caves » et certainement affirmerez vous que les sociétés idéales décrites par les Marx et autres ne semblent pas prêtes à voir le jour.

A noter qu’une voyage à Plomco souligne quant à lui le caractère malpropre et désastreux des lieux dans lesquels vivent ces personnes. C’est un déménagement à travers les rues dites peu fréquentables de Namur qui permet d’affirmer cela. Des couloirs étroits menant à des volées d’escaliers crasseux. Une expérience surprenante que de monter un matelas ou de descendre une télévision à travers ce dédale malodorant. Mais une petite surprise vient toujours briser la monotonie des voyages : la lampe qui s’éteint, la faut à une minuterie trop courte, un cri surgissant de derrière une porte sommant à une personne d’identité inconnue «  de la clapper si elle ne veut pas retourner chez son père ». Peu qui porte à sourire, mais beaucoup qui pousse à réfléchir.

Un aspect fort intéressant de cette retraite fut les discussions avec les personnes défavorisée. On en ressort pour ainsi dit grandit. Si le premier pas posé dans les locaux étaient accompagné de stéréotypes en tout genre sur les « barakis » et les « chômeurs », les échanges avec les précités font partir tout cela au loin. Des travailleurs pour la plupart, à qui on ne décernera certes jamais un prix Nobel de physique, mais qui contribuent malgré tout au bon fonctionnement de la société, laquelle ne semble pas vraiment les en remercier. Nous qui pensions les ridicules clivages moyenâgeux révolus depuis longtemps avons réalisé la fossé significatif qui éloigne notre monde du rêve américain de vie idéale pour tous. A quand l’égalité des chances ? La réponse est sur toutes les lèvres, mais continue à effrayer les âmes.